Soyons un peu sérieux

La téléréalité : un mélange de genres télévisuels*

Les candidats de téléréalité : à la recherche de la reconnaissance…

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Depuis que les candidats de l’émission l’Ile de la tentation ont porté plainte, les productions sont dans l’obligation de les rémunérés comme intermittent du spectacle : « Les candidats sont rémunérés au minimum prévu par la convention collective de la production audiovisuelle, soit 370 euros par semaine », indique Jérémie Assous, avocat de 390 ex-candidats. « Candidat » est donc devenu un métier convoité puisqu’il est aisé de gagner de l’argent juste en passant à la télévision (meilleur vecteur de notoriété). Cela montre une image faussée de la réalité aux jeunes qui pensent que faire une téléréalité remplacerait le fait d’étudier afin d’avoir un métier décent. En effet, pour faire ce genre de programme, pas besoin d’avoir un bac +2. Le but des téléréalités est de créer des personnalités publiques qui pourront faire de l’audience et devenir des personnes « bankable » après l’émission. C’est pourquoi, les casteurs choisissent davantage des jeunes personnages ayant des qualités de socialisation, si possible des « beaux gosses », pour être sûr de faire le buzz, attirer la sympathie des téléspectateurs voire les séduire. Comme le confirme Dominique Duforest, casteur pour l’émission Star Academy, la personnalité et la voix sont « quasiment à mettre au même niveau, sachant qu’il est plus facile de trouver quelqu’un qui chante bien que quelqu’un qui a une forte personnalité […] Des personnalités fades ne font pas de bonnes émissions. » Dans le même sens, un responsable de casting raconte que «Pour Un dîner presque parfait, au début c’était le niveau de cuisine qui [les] intéressait. Mais plus les audiences s’érodent, plus on [leur] demande des stéréotypes… La blonde, le mec qui a une grande gueule : on rentre de plus en plus dans des clichés ». Selon lui, il n’est pas étonnant de retrouver partout les mêmes profils de candidats puisque ce sont quasiment tout le temps les mêmes employés chargés de casting qui travaillent sur toutes les émissions de téléréalité. Ils sont sûrement à la recherche de la nouvelle Nabilla afin de créer un nouveau personnage public fort. En effet son «Allo, non mais allo quoi» a fait le tour de la sphère médiatique en allant même faire un tour jusqu’à l’assemblée nationale où un des députés y a fait allusion. La téléréalité s’est banalisée, ce qui n’a pas déplu aux journaux people qui n’ont fait que de se multiplier.
Le candidat type de téléréalité est à la recherche de trois choses : le dépassement de soi (Koh Lanta, Pékin Express), l’argent (Loft Story, Secret Story) et la notoriété (Les Anges de la téléréalité, The Voice, Top Chef). En ce qui concerne ce dernier point, il n’est pas toujours au rendez-vous. Pour les personnes psychologiquement faibles qui tenaient à devenir des « stars » après la sortie d’émission, ce fut rude… C’est le cas pour Loana qui a tout fait pour rester sous le feu des projecteurs mais qui a sombré dans la dépression car elle n’arrivait pas à attirer l’attention. C’est le cas également du défunt François Xavier qui, deux ans après avoir fait Secret Story, s’est suicidé car tout comme Loana, il n’a pas réussi à devenir une star comme il le souhaitait.

 … et sujets à la moquerie

On remarque que plus les candidats sont incultes, plus ils provoquent le rire et attisent la sympathie. En effet, pour François Jost, « ces émissions, c’est le Dîner de con version télé-réalité. Les candidats pensent qu’ils vont être aimés pour eux alors qu’on aime leur connerie. […] Ce qui rend heureux la majorité du public, c’est de regarder ces programmes pour se détendre, se moquer, mais aussi se comparer aux candidats, pour se rassurer soi-même. Cette assurance des candidats dans la bêtise, c’est drôle. Même moi je finis par trouver ça amusant». Gabriel Thoveron confirme dans son livre La Télévision dont vous êtes le héros que la téléréalité n’est pas faite pour les personnes cultivées « il ne faut plus avoir peur de se mettre au niveau des cancres, de répondre à leurs désirs et même de leur ouvrir les portes ». De toute façon, dire qu’on regarde la téléréalité est toujours mal vu étant donné que ce sont des programmes qui n’apportent rien. Regarder de la téléréalité c’est dire qu’on aime regarder des individus qui ne savent pas parler correctement, qui sont vulgaires et qui n’ont aucun talent.

Quelques phrases cultes de la téléréalité :

  • Hillary des Ch’tis, « La Lune c’est pas un satellite, on capte pas les chaînes avec »
  • Stéphanie de Secret Story : « Amélie va un peu loin. C’est une fille qui n’a pas sa langue dans sa bouche, ça c’est clair ! »
  • David de Loft Story 2 : « Les gens tu les emmerdes avec un grand A »
  • John-David de Secret Story 2 : « C’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire des limaces »
  • Daniela de Secret Story 3 : « Je suis têtue comme une moule »
  • Alice de Secret Story 2 : « Il a eu bonne réponse tout de suite : ça ne m’étonne pas de lui, il a beaucoup de culturisme »
  • Vivian de Secret Story 8 : « Mélancolique c’est quand on a bu et après on cuve ? »
  • Nabilla des Anges de la téléréalité : « c’est la guerre mondiale de 78 »
  • Jessica des Marseillais : « C’est la cerise sur le pompon »

Enfin, un soudage a été fait en 2004 alors que la téléréalité venait tout juste d’arriver : si demain un proche souhaitait faire une téléréalité, l’encourageriez-vous ? 52% ont répondu NON. Cela montre bien que la téléréalité est mal perçue.

La téléréalité a envahit notre petit écran surtout depuis l’arrivée des chaînes de la TNT. En effet, tout récemment, la production Endemol et TF1 ont décidé pour cette année de diffuser les quotidiennes de Secret Story sur NT1 après 8 ans de diffusion sur la première chaîne étant donné les mauvaises audiences. Car il ne faut pas se leurrer, avec les chaines, c’est la course à l’audimat. Le programme en soi importe « peu » au diffuseur du moment que ça génère de l’argent grâce aux espaces publicitaires.
On se rend compte que depuis le début de la télévision, les émissions d’information ont laissé place aux émissions dont l’intimité des gens était dévoilée. Plus on parle de soi plus les téléspectateurs peuvent s’identifier et plus il y aura de l’audience. Aujourd’hui la vie quotidienne est mise en scène dans toutes les émissions de société pour que le téléspectateur puisse s’y reconnaître et réagir. La téléréalité est un moyen de se vider la tête, c’est un passe temps pour la plupart des téléspectateurs. Afin de suivre leurs candidats préférés, ils peuvent soit regarder le programme en continu (sur le satellite ou sur internet) ou les suivre au jour le jour sur les réseaux sociaux et notamment sur Twitter. Enfin, la téléréalité a beau être un moyen de notoriété rapide, il n’empêche que cette dernière est très souvent éphémère. Mais cela permet à chacun d’avoir « son quart d’heure de gloire » comme dirait Andy Warhol.

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